.Des anecdotes comme celles-là ponctuent la mémoire de Gerhard Weber, ancien informaticien d'origine allemande, élève de l’EPF zurichoise. Son coup de foudre pour l’Afrique date d’une mission de trois ans effectuée à Johannesburg dans les années 1970 pour le compte d’IBM:« Par contraste, l’Europe m’est soudain apparue comme un espace achevé, ne laissant plus de place à l'aventure. Terrible constat pour un homme jeune encore imprégné des récits de Jack London. Pionniers dans la brousse C'est décidé, le couple Weber va se reconvertir en fermiers: acquisition de bétail et d'hectares qu'il faudra restituer quelques années plus tard de gré ou de force, suite à l'un de ces revers de fortune auquel tout colon doit être préparé. Mais rien ne saurait décourager un esprit déterminé à accomplir ses rêves d'enfant, pas même des parents restés au pays, jugeant cet acharnement suicidaire. «Heureusement, mon épouse m'a toujours épaulé, même lorsqu'il fallait vider le bas de laine pour payer l'écolage de nos quatre enfants. Nous nous sommes refaits au point de pouvoir acheter la réserve animalière de 120 km2 entourant aujourd'hui nos bungalows. Nous y organisons des safaris moins aseptisés que ceux de certains lodges luxueux.» On vient ici pour une semaine minimum, le temps de s'imprégner d'une ambiance familiale, authentique, et de profiter de sources thermales providentiellement découvert: « Cette eau qui alimente nos bassins jaillit naturellement à 35 dégrés. C'est notre principale richesse», proclame Karl, 26 ans, fils cadet formé à l'Ecole hôtelière lausannoise pour reprendre les rênes de l'entreprise familiale occupant aujourd'hui une soixantaine d'employés. Cette main-d'oeuvre constitue sans doute le meilleur rempart contre une éventuelle confiscation du domaine, sachant que l'actuel gouvernement se dit déterminé à restituer 30% des terres arables aux Noirs, en une décennie. Pour mémoire, rappelons qu'au siècle dernier, la loi du Land Act les avait spoliés de 80 % de leurs propriétés au profit des colons blancs... Evasion Deux heures que nous parcourons la savane, Vernon devant, moi derrière, sans parler, à l'affût de la. moindre présence animale, surprenant ici ou là un babouin ou quelque impala, une girafe immobile, une famille de phacochères trottinant à la queue leu leu, par ordre décroissant. Le bruissement languissant des insectes est soudain déchiré par le cri strident d'un «go away»: l'oiseau qui donne l'alarme. Et nous voici face à face avec une masse énorme, surgie en soufflant d'un buisson d'épineux, pointant vers nous son sabre de rhinocéros blanc, fouissant le sol comme un taureau dans l'arène. (...)
Vous pouvez télécharger le fichier pdf en cliquant sur le texte.
Visitez le site WWWW.PICHONVOYAGEUR.CH